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celle de caliban:
penelope a écrit: |
c'est trop mortellement stupide ce qu'ils viennent de faire |
Stupide et profondément anthipatique, c'est clair. Très dommage aussi :
je n'ai pas lu ce roman, bien sûr, mais les textes jeunesse de Nathalie
que je connais sont très bons.
Mais mortellement stupide, je ne crois pas. Personne n'en mourra,
et surtout pas Fleurus. Pour eux, Mango est anecdotique (de l'ordre
du pour mille de leurs ventes globales ?) et Autres Mondes imperceptible
— sacrifiable, en tout cas. La collection pouvait sans doute faire
exactement ce qu'elle voulait dans son coin, pour peu qu'elle évite de
se faire remarquer. Pour ce que j'en ai compris, la décision a été prise
sur la foi d'un quatrième de couv, sans que personne d'autre que Denis
ait lu le livre : stupide encore, mais certainement prévisible et facilement
évitable.
Citation: |
j'imagine assez bien le guiot en question aller monter sa boîte concurrente et hop publier dans la foulée le bébé de la miss. ce serait en marketing la seule chose à peu près intelligente à faire. |
Ce n'est pas tout à fait aussi simple. Ce qui fait la force d'Autres mondes,
c'est la puissance de feu du groupe, du réseau de diffusion et de
distribution, etc. Tout seul, Denis ne pourrait faire que du semi-artisanal
au mieux, à un niveau où on ne peut même plus parler de "concurrence"
avec Mango. Et aurait bien du mal à payer ses auteurs...
Denis revendiquait le meilleur des deux mondes, la puissance et la liberté
absolue, et a réussi à le réunir pendant plusieurs années : bravo. Mais
je ne suis pas vraiment surpris qu'on le lui refuse à la première anicroche.
Pour moi, le problème que soulève cette déplorable affaire n'est donc
pas celui de je ne sais quelle censure — un éditeur est toujours libre
de ne pas publier un livre qui ne lui plaît pas — mais le gouffre qui se
creuse entre "petits" et "grands" éditeurs, et le déplacement des prises
de risque les plus élémentaires vers les premiers. Paradoxalement,
le grand public a simultanément accès à une offre de plus en plus étendue,
avec les nouveaux moyens techniques accessibles à la microédition,
et à une production de plus en plus aseptisée chez son marchand
de papier habituel. Et, en dehors d'un cercle de passionnés dans
chaque domaine, la paresse n'a plus qu'à faire son œuvre...
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