mardi 25 septembre 2007

Toute littérature est de la science fiction

Pêché ça sur une liste argentine, et je souscris:
Journal d’un aphoriste d’Andrés Neuman
REVOLUTION DU TEMPS
Un des pouvoirs prodigieux que possède l’écriture est
la possibilité de reconstruire le passé : pas
seulement de retourner en arrière pour le représenter,
mais aussi de le transformer. Rappeler en écrivant est
un acte d’utopie rétrospective. La représentation
littéraire de la mémoire aboutit à un espace de
liberté, à un carrefour de plans temporels où le
témoin possède la capacité de décision. De ce fait, en
littérature, la nostalgie est un mensonge : souvent
l’auteur sauve ce qui n’a pu survivre dans la réalité.
Aller à la recherche du temps perd une signifie pas
seulement retourner en arrière, mais bien choisir de
nouveau les chemins de l’histoire. Conquérir une autre
mémoire. S’avancer dans le passé. Pour ce qui est du
futur (même si aucun écrivain n’est prophète), la
valeur prophétique de l’écriture me parait
incontestable. En ce sens, toute littérature
appartient à la science fiction. Ou peut-être est-ce
que la science fiction a désiré se focaliser sur une
des fonctions basiques de l’écriture : nous rappeler
l’existence de l’avenir. Évoquer des temps dont nul ne
sait s’ils viendront.

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